Les racines ne poussent pas en lignes droites

LES RACINES NE POUSSENT PAS
EN LIGNES DROITES

un livre d'Anaïs MARION

C’est la troisième année que Castel Coucou invite un artiste à venir travailler sur le territoire de Forbach à travers une résidence d’écriture. 

Du 13 janvier au 12 avril, Anaïs MARION est restée à Castel Coucou et a travaillé à l’élaboration d’une production artistique écrite. Elle a axé son travail sur plusieurs thématiques, qui viennent croiser ses recherches précédentes. La guerre, les terrains accidentés et les frontières, l’étude de la botanique toujours pour barrer le chemin, et la façon dont le végétal s’approprie ces territoires. Anaïs MARION nous emmène en voyage, de Paris à La Brème d’Or, en passant par la nationale 3. Ce trajet et les étapes qui l’accompagnent permettent des digressions, sur d’autres voyages, d’autres histoires, d’autres frontières et d’autres conflits. Partout l’Homme a rêvé de conquêtes, partout nous trouvons des frontières, comme des cicatrices qui viennent marquer le territoire puis se confondent peu à peu dans le paysage. 

Synopsis :

« Le chemin le plus court entre deux points est la ligne droite. Lorsque je me suis engagée sur la nationale 3, je me demandais à quoi bon pouvait servir de connaître le chemin le plus court s’il n’était jamais possible de l’emprunter. Il me faut aller vers l’Est. On me demande souvent pourquoi je vais ici ou là-bas. Cette fois je n’ai rien à dire, d’ailleurs je n’ai rien dit à personne. Je suis partie sans préméditation vers la frontière, vers cette énigme que je veux déchiffrer par palpation. Je veux toucher la frontière, c’est ça. Je m’en remets aux sinuosités des départementales dont ma mémoire n’a pas gardé le souvenir en fantasmant une traversée qui n’existerait pas. »

« Première étape de recherche d’une enquête sur les liens entre végétation et mémoires de guerre, cet essai prend la forme d’une auto fiction qui se déroule tout au long de la nationale 3, de Paris à la frontière allemande de Brême d’or. Écrit lors d’une résidence à Forbach (Moselle) au centre d’art Castel Coucou, j’y ai détricoté des histoires de lignes vertes, de frontières administratives et imaginaires, de fortifications fleuries, de clôtures plus ou moins naturelles et de murs parfois végétaux. À partir de mes archives et par herborisation, j’y développe un éventail de considérations sur la réapparition de la nature dans des espaces marqués par l’activité militaire. La botanique y devient un support d’une réflexion sur la nature de ma pratique.  » Anaïs MARION

EXTRAIT :

Chapitre 11//  L’Epine

« On parle des étoiles de Vauban, j’y vois plutôt les fleurs de Sébastien. Elles ne sont pas souvent les siennes d’ailleurs. Elles ne sont pas le fruit de son dur labeur, mais le résultat de son semis. Je ne peux m’empêcher de voir dans ses plans d’incroyables planches botaniques. Le tracé géométrique, comme des corolles, s’y dilue dans les nuances de vert et de rose. Les pétales et les couronnes qui ornent ces places fortes n’ont rien de fragile, le motif rayonnant s’enracine déjà à l’étape du dessin. Leur beauté traître, leur élégance sournoise, je ne les ai jamais retrouvées en les parcourant au sol. Je regardais des vues d’en haut et alors, mon corps n’avait pas à se laisser prendre par les chemins trompeur. Vu d’en haut, Sébastien avait vraiment dessiné la frontière du royaume par fleurissement. » 

Retrouvez son travail ici.