L'enfermement dans tous ses états

Prison de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française). ©Getty - © Fred Marie / Art in All of Us
Prison de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française). ©Getty - © Fred Marie / Art in All of Us
Prison de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française). ©Getty - © Fred Marie / Art in All of Us
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Avec Adeline Hazan, magistrate et contrôleure générale des lieux de privation nous allons parcourir ces lieux fermés pour mieux les comprendre.

Avec
  • Adeline Hazan Présidente de l'UNICEF France, ancienne contrôleure générale des lieux de privation de liberté, ancienne maire de Reims.

Le Contrôleur général des lieux de privation a compétence pour aller dans tous les lieux où une personne est retenue contre sa volonté : en prison bien sûr mais aussi dans les commissariats de police, les hôpitaux psychiatriques, les centres de rétention pour étrangers ou encore les centres éducatifs fermés pour mineurs. Les agents du CGLPL sont ainsi les yeux de la société dans les lieux fermés et, réciproquement, ils rendent visibles tous ces endroits soustraits au regard citoyen. D’où l’intérêt de dresser un état des lieux avec Adeline Hazan, qui vient de terminer son mandat de six années à sa tête et qui a écrit Soins sans consentement et droits fondamentaux (Dalloz, 2020).

Quand on est juge d'application des peines et que l'on rentre dans une prison, au fond, on ne voit pas vraiment la prison. On voit les détenus, mais on ne voit pas vraiment la prison, alors que quand on est contrôleur général, ou même contrôleur d'ailleurs dans une équipe du contrôle général, et que l'on visite une prison, [...] là, on y passe concrètement huit jours, [...] et on voit vraiment la prison comme aucun magistrat ne la voie et je dirais même qu'on la voit comme l'administration pénitentiaire ne la connaît pas.

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On sait qu'actuellement, entre 20 et 25 % seulement des détenus ont un travail en prison, ce qui est très insuffisant parce que beaucoup plus que 25% veulent travailler. Et par ailleurs, ils sont payés de façon scandaleuse. Ça devrait être à 60% du SMIC horaire et en réalité, ça n'est même pas ça !

Avant la crise sanitaire, les prisons comptaient 71 mille détenus. C'est-à-dire qu'il y avait un taux de surpopulation moyen d'environ 140%, mais avec des seuils dans les maisons d'arrêt de 180 à 200%. Donc, un taux de surpopulation absolument énorme. [...] Concrètement, pour les détenus, la surpopulation, c'est trois personnes ou quatre même, dans une cellule de 9 mètres carrés, avec parfois un matelas par terre.

Et je rappelle que 60% de l'ensemble des détenus en France sont des détenus provisoires, qui n'ont pas encore été jugés, donc qui sont présumés innocents et que c'est à ces présumés innocents que l'on fait subir finalement des conditions pires que ceux qui sont condamnés.

Extraits musicaux choisis par Adeline Hazan

  • " Paradis perdus" par Christine and the Queens - Album : "Chaleur humaine" (2014) - Label : Because Music.
  • " Prélude n°4 en E minor" de Chopin interprété par Maurizio Polli - Album : "Chopin" (2011) - Label : Deutsche Grammophon

Pour en savoir plus

Page wikipédia d' Adeline Hazan.

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