Résumé : |
"Comme son titre peut l’évoquer, cet essai portera sur l’énoncé d’une répétition, d’un écho, un rythme imitatif qui procure une nouvelle sensation. Les choses se passent en miroir, un mot équivaut à un geste, ou pas, semblablement à l’identique... et pourtant, tout est toujours si différent.
En énonçant différents principes de nudité pensés par Emmanuel Hocquard, notamment que la nudité n’a qu’une seule face, l’idée de présent ténu, d’un présent nu, apparaît assez belle. Que se passe-t-il si l’on pense le présent à face unique ?
Nous pouvons alors imaginer que, comme une image, le présent n’aurait qu’une seule face visible. Mais nous pouvons alors fantasmer la face cachée du présent, la révéler par divers procédés, tenter de la fixer, de la répéter, de lui donner un écho, et donc de créer une forme imaginaire du présent. Ainsi, ce présent, que l’on se re-présente picturalement, mentalement, auquel on s’accroche et que l’on essaie de structurer stratégiquement grâce à toutes sortes de mécanismes, tels que les appareils, l’écrit, la parole, nous échappe. Mais que ce passe-t-il alors de ce présent, comment peut- on décider d’en évoquer la présence afin de faire face à son écoulement inévitable ? Quelles en sont ses formes de suspensions, ses formes de représentations ?
Dans son autobiographie, Sarraute parle de souvenirs «hors des mots», qui fluctuent. Ainsi, je souhaite me baser sur la façon dont Sarraute parle de ses souvenirs, ces « tropismes », et les réactive à rebours. Elle fixe un présent bien précis, celui de sa mémoire, et elle le déplace et le reproduit dans une forme qu’elle souhaite identique. La plus juste possible.
Etant hors des mots, ce présent s’efface, se reconstruit, il est éphémère et disparaît au fur et à mesure qu’il se présente. Lui aussi n’a qu’une seule face. C’est dans ce vide du présent, dans son envers, que la suspension des souvenirs lointains est rendue possible. Malheureusement, dans sa réactualisation, quelque chose s’érode dans le fantasme de ce temps présent retrouvé.
A l’issu de ce récit, nous tenterons de comprendre comment la ténuité du présent, cette idée du présent qui s’efface à mesure qu’il apparaît, a pu être utilisée dans un positionnement artistique, et, dans l’attente d’une suspension de ce temps si infime, quelles sortes de positionnements cela a pu produire. Nous essaierons de développer ces questions à l’aide de sources littéraires, théoriques et artistiques, d’une pratique davantage liée à un art post-moderne, que ce soient des œuvres filmiques, mais également sonores, de sculptures, d’installations, de performances et de photographies |