Résumé : |
Il s'agit d'une série de photos d'hommes prises lors de rencontres par Skype, combinée à des textes érotiques. Les images abordent la question de l’identité par un travail sur la représentation de soi et de l'homme en particulier. Leur corps est mis en avant et non leur visage, toujours anonyme. Au selfie contrôlé, aux relations virtuelles, à l’image manipulée, ces photographies répondent par une représentation non-idéalisée, non retouchée voire floue, salie, vague, crue. Les corps sont photographiés au cours d’appels vidéo par Skype, ce qui en fait aussi l’originalité, la photographie s’effectuant bien avec un appareil photo mais sans rencontre physique.En ces temps de renouveau du féminisme et de remise en cause des rôles attribués à chacun, le livre porte un regard contemporain sur l’image de l’homme et de la femme. Pour une fois, c’est l’homme qui est déshabillé, et par une femme. Passif, il consent aux injonctions de la voix qui émane de l’ordinateur, le guidant dans ses poses.
A cela s'ajoute un livret de textes, courtes nouvelles érotiques qui, elles, mettent en scène une femme, consentant à première vue elle aussi passivement à être un objet sexuel, mais évoquant l’usure même de cette image à travers la multiplication des rencontres au fil des histoires. La question toujours contemporaine et particulièrement exacerbée aujourd’hui des rapports homme-femme trouve un écho dans ce travail crépusculaire, qui évoque la lassitude et l’abandon de soi. Le titre y fait en effet référence : Don’t love me, I’m your toy évoque l’idée que les objets ne peuvent être aimés, quand bien même ils seraient doués de parole. Ces objets ne peuvent être que manipulés par pur plaisir, par jeu; jamais cela ne mène à une relation amoureuse mais traduit plutôt la gestion technique et superficielle de relations faites de contingences matérielles avec un corps en surplus dont on ne sait que faire, toute transcendance l’ayant déserté. |