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Hommage à Albert Plécy

[autre]

Année 1977 34 p. 122
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HOMMAGE A ALBERT PLECY

Albert Plécy est mort, dans ces fantastiques carrières de pierres aux Baux-de-Prov&nce dont il avait fait une Cathédrale d'images. Déjà, à cet endroit, Jean Cocteau avait simulé la mort du poète. Etrange coïncidence. La mort d'Albert Plécy, notre ami, nous interroge. La mort, et puis après ? L'image et la réalité ? La réalité de l'image ? La grande fantasmatique de la photographie, du cinéma, de la télévision ? Combien de fois n'a-t-il pas, en animant les rencontres des « Gens d'images », porté ces questions et bien d'autres sur le forum des praticiens et des gens qui réfléchissent sur cette pratique ? Albert Plécy était tin homme d'ouverture, de rencontres, d'amitié. Chaleureux et enthousiaste, il cherchait à convaincre ou du moins à entraîner dans son sillage les personnalités les plus diverses. Je l'avais rencontré à Lurs, dans les tout débuts ; s'il est parti, s'il a fondé les « Gens d'images » et les Rencontres de Porquerolles (que de souvenirs, déjà!), c'est qu'il estimait que l'image était, dans notre temps, au moins aussi importante que le mot et qu'à Lurs nous étions par trop enfermés — à l'époque — dans les dilemmes de il a typographie. I! faudrait aussi se souvenir d'Albert Plécy journaliste, journaliste de guerre puis responsable de Point de vue et du petit format du Parisien libéré. J'ai vu naître sa Grammaire élémentaire de l'image dans les nombreux dossiers où inlassablement il s'efforçait de classer toutes sortes d'images qui l'avaient frappé ici ou là ! H faudrait raconter, à ceux qui ne le savent pas, Albert Plécy et sa femme nettoyant le fort de Porque- roMes en espérant en faire un haut-lieu de l'image. Il faudrait raconter les projets de Plécy : ceux qui réussirent : Jes 24 Heures de l'image au T.O.P., la Nuit de Thoiry, les Tuileries, etc. ; ceux qui ne virent jamais le jour (hélas ! trop nombreux) : le projet d'animation de 4 'île aux Cygnes à Paris, un livre sur les bords de Seine ou le centre de la culture méditerranéenne, etc. Et puis, il faudrait pouvoir dire Jes souvenirs personnels. Plécy peintre et les promenades dans la campagne où il me confiait ses grands rêves généreux, un peu utopistes, qui le portaient sans cesse en avant (du scoutisme à l'armée de libération jusqu'à la Cathédrale d'images) et toutes Jes déceptions du « fonceur » qu'il était devant l'inertie, la lâcheté, la veulerie, la dérobade, le conformisme et l'administration. Il y r des choses indicibles à commencer par une amitié profonde. Albert Plécy est mort debout au milieu de son rêve en train de se réaliser. Que son souvenir demeure, parmi nous, comme une incitation incessante au combat de la vie.

Gérard Blanchard

Le destin a voulu que je ne connaisse vraiment Albert Plecy que ces derniers mois. J'avais paradoxalement passé 13 années dans le même groupe de presse que lui sans pratiquement le rencontrer. C'est l'urbaniste Georges Présente qui à l'origine de «L'aventure des Baux» nous mit en contact

Une relation exceptionnelle s'établit alors entre nous et je fus pour ma part immédiatement subjugué par le rayonnement qui émanait de cet homme tout à la fois visionnaire et déterminé.

Des trops rares, mais très riches moments passés en sa compagnie je ne veux retenir aujourd'hui qu'un instant. C'était le lundi de Pâques. La Cathédrale des Baux ouverte depuis quelques heures, ses amis se pressaient pour le congratuler. Heureux d'avoir réalisé l'un des rêves de sa vie. Albert Plecy gardait pourtant au fond de lui l'inquiétude et l'insatisfaction du créateur: Quand vint notre tour de le féliciter il devança notre propos et dit à Georges Présente: «il fait froid dans les carrières, il faudrait Georges que vous nous donniez quelques degrés de plus avec l'énergie solaire».

Ainsi ce qui pour tant d'autres n'eut été qu'une lointaine possibilité était pour lui une évidence et nous partfmes sur le champ escalader fa montagne des Baux pour chercher les orifices qui permettraient de faire entrer le soleil dans la Cathédrale souterraine.

Au retour me prenant le bras il me dit: « tu vois nous ferons la cathédrale d'images avec tousceux qui sont prêts à vivre autrement!»

VIVRE AUTREMENT! ces mots résonnent douloureusement aujourd'hui. Pour Albert Plecy ils exprimaient sa confiance en l'homme, en ses possibilités de dépassements, en sa capacité à sortir du cadre mesquin des routines, des égoi'smes...

VI VRE A UTREMENT! Albert Plecy n'aura pas projeté ces mots au frontispice de sa cathédrale, mais grâce à lui l'édifice existe et tous ceux qui veulent perpétuer sa mémoire peuvent désormais s'y rassembler autour d'Anne son épouse qui a décidé de poursuivre.

Jean-Claude M ACQUET