Nicolas Bouvier : "A huit ou neuf ans, je lisais des atlas comme des polars" : épisode • 8/11 du podcast La Nuit rêvée de Bernard Chambaz

Nicolas Bouvier à Saint-Malo en 1991 ©AFP - ULF ANDERSEN / Aurimages via AFP
Nicolas Bouvier à Saint-Malo en 1991 ©AFP - ULF ANDERSEN / Aurimages via AFP
Nicolas Bouvier à Saint-Malo en 1991 ©AFP - ULF ANDERSEN / Aurimages via AFP
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En 1992, Alain Veinstein laissait la parole à Jacques Meunier, poète écrivain et grand voyageur, pour une conversation avec Nicolas Bouvier, auteur de "L'Usage du monde", une référence culte de la littérature de voyage.

Suisse comme Blaise Cendrars, Jean Bulher, Ella Maillart et quelques autres écrivains voyageurs, Nicolas Bouvier, disparu en 1998, ne fut reconnu en France que tardivement. Le premier de ses ouvrages, L'usage du monde, édité une première fois en 1963, ne rencontra son public qu'avec sa réédition chez Payot par Michel Le Bris en 1992, avant de devenir depuis ce qu'on appelle un "livre culte".

C'est précisément l'année de cette réédition que Nicolas Bouvier est convié par Jacques Meunier à l'émission "Dans la bibliothèque de..." . Il raconte ses premiers voyages hors de Suisse : 

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Je me suis mis sur les routes sitôt que les frontières se sont ouvertes. J’avais quinze ans. J’ai commencé par de petits voyages à la mesure de mes économies qui étaient minuscules. Je les ai financés très vite en écrivant des petits papiers hyper descriptifs sur des lieux où les journaux suisses n’avaient pas de correspondants, comme la Finlande ou le Sahara. Et puis, de fil en aiguille je suis allé toujours plus loin avec une direction privilégiée. [...] Suite à la découverte de l’admirable musique balkanique, qui a été très déterminante pour moi, ça a été l’Est. J’ai bien dû passer quatorze ou quinze années de ma vie en Asie.

Nicolas Bouvier s'étonne du cliché représentant les Suisses en sédentaires avec "de la glaise aux sabots" : 

Les Suisses sont la nation la plus nomade d’Europe après les Tsiganes [...] cette marotte d'aller et venir est très ancienne.

Pour l'auteur de L'usage du monde, "le voyage est un état d'esprit". Il a la chance de voyager très jeune, avec l'accord de son père qui lui dit seulement "rapporte-moi des jolis timbres". C'est nourri de lecture de romans ou d'atlas, qu'il s'aventure jusqu'au Japon. A propos de son récit Le poisson-scorpion, il souligne les risques encourus :

Tout ne se passe pas toujours bien en voyage. J’y ai laissé une partie de ma carcasse, toutes mes dents, la moitié de mes jambes. J’ai eu une vie très intéressante mais je n’en suis pas du tout sorti indemne. Ce ne sont pas des choses qu’on peut gommer.

Au Japon vous avez le droit d'être pauvre, mais pas celui d'être sale. J'ai vécu des moments de disette.

Nicolas Bouvier cite des auteurs qui lui sont chers : Lao Tseu, Montaigne, Max Frisch, Blaise Cendrars, Elia Kazan, qui invitent à de nouveaux voyages littéraires.

  • Par Alain Veinstein - Réalisation : Bernard Treton
  • Du jour au lendemain - Dans la bibliothèque de Jacques Meunier avec Nicolas Bouvier (1ère diffusion : 18/01/1992)
  • Indexation web : Véronique Vecten, Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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