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VOYAGE DE L'EXOTISME AUX NON-LIEUX / Marc AUGE (1998)
Titre : VOYAGE DE L'EXOTISME AUX NON-LIEUX Type de document : texte imprimé Auteurs : Marc AUGE, Auteur ; Chrystèle BURGARD, Auteur ; MILOUX Yannick, Auteur Editeur : Lyon : FRAC RHONE-ALPES Année de publication : 1998 Importance : 91 p. Format : 30 cm Langues : Français (fre) Catégories : [Thesaurus ENSP] 1998
[Thesaurus ENSP] BELORGEY Yves
[Thesaurus ENSP] BUBLEX Alain
[Thesaurus ENSP] DURAND Philippe
[Thesaurus ENSP] EXPOSITION
[Thesaurus ENSP] LEIDERMAN Yuri
[Thesaurus ENSP] MILROY Lisa
[Thesaurus ENSP] RULLIER Jean-Jacques
[Thesaurus ENSP] SALOMONE Yvan
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[Thesaurus ENSP] VALENCE
[Thesaurus ENSP] VOYAGERésumé : "Les voyages n'intéressent plus guère que les agences dont c'est la raison d'être. Il y a longtemps que l'imaginaire est retourné se fixer à quai, depuis au moins quarante ans, époque à laquelle l'anthropologue Claude Lévi-Strauss qualifiait de «tristes» les «tropiques» et commençait ainsi le récit de son séjour chez les Bororos et les Nambikwaras: «Je hais les voyages et les explorateurs.» Un musée, institution sédentaire s'il en est, s'est alors demandé si les artistes avaient eux aussi perdu le goût des lointains et leur a proposé un voyage à travers le temps, sur une période de deux siècles. Sous le titre Voyage, dont le singulier interdit la multiplication des rêves, une vingtaine d'artistes, de Hubert Robert (mort en 1808) à Yuri Leiderman (né en 1963), ont été convoqués à Valence pour explorer un panorama, en forme de ligne de fuite, qui les conduise «de l'exotisme aux non-lieux». Ce sous-titre indique à lui seul à quel point la matrice à fantasmes touristiques qu'a pu être le voyage s'est rétrécie aux dimensions d'une peau de chagrin. Un motif, un prétexte. Le mérite de l'initiative conduite par Chrystèle Burgard et Yannick Miloux est de mettre en évidence un trait commun aux artistes du XVIIIe siècle et à ceux d'aujourd'hui. Ce sont tous des antitouristes. Qu'ils fassent le voyage à Rome comme Hubert Robert ou au Maroc comme Delacroix, qu'ils suivent en pensée l'expédition de Bonaparte en Egypte comme Léon Cogniet, qu'ils s'exilent à Tahiti comme Gauguin, qu'ils contemplent les immeubles de Cologne ou de Moscou comme Yves Bélorgey ou qu'ils prennent le TGV entre Lyon et Paris comme Philippe Durand, ils se déplacent d'abord dans leur atelier mental, et ce qu'ils peignent, dessinent ou photographient, sont des variations de chantier ou de laboratoire. Pour le reste, rien que de très banal.
Au gré des vernissages, les artistes contemporains circulent certes beaucoup à travers le monde mais, somme toute, pas davantage que n'importe quel homme d'affaires. Le voyage les intéresse donc d'abord à titre de motif, à l'image d'un Fantin-Latour occupé à l'observation d'un bouquet de fleurs. Ce n'est même plus un genre, tout juste un prétexte et un stimulant. De nos jours, l'ici ressemble à l'ailleurs. Y a-t-il une véritable différence entre Roissy et Kennedy Airport, entre le fast-food de Berlin et celui de Lisbonne, entre la chaîne hôtelière de Londres et celle de Hong-kong? Autant de «non-lieux» définis par l'anthropologue Marc Augé comme ce qui n'est «ni identitaire, ni relationnel, ni historique». L'exotisme ne réside plus dans le pouvoir d'évocation de quelques noms propres (Chandernagor, Pondichéry, Macao") mais se réfugie dans l'étrangeté du quotidien. Platitude, pas banalité. La série peinte de Lisa Milroy est exemplaire de cette nouvelle attitude. La jeune artiste (elle a 39 ans, est née au Canada et vit à Londres) raconte des vacances passées aux Etats-Unis en 1995 à l'aide de tout petits formats (environ vingt centimètres sur trente) d'huiles sur toile. Un ciel bleu intense avec peu ou pas de nuages, une voiture sur une route, un canyon désert, un motel isolé, un parking, un carrefour vide, deux véhicules garés près d'un pylône, autant d'images tranquilles d'où non seulement tout drame s'est absenté mais d'où même toute vie semble s'être enfuie. Ce carnet de voyage possède la valeur documentaire d'un croquis de Delacroix mais il se présente comme une accumulation de clichés pris par un vacancier désireux de conserver le souvenir de moments privilégiés. Les images de Milroy tirent leur force d'une platitude qui résiste à la simple banalité. Elles offrent une vision du paysage préservée de toute virtuosité comme de toute expression d'un sentiment personnel. Leur précision et la modestie de leurs dimensions suscitent une mélancolie qui tire son origine d'une inavouable nostalgie.
A l'inverse de l'hyperréalisme en vogue au début des années 70, la peinture de Milroy évacue les effets «photographiques» au profit d'un traitement peint qui rappelle celui d'un Edward Hopper . (Libération, 18/08/1998 - H. Gauville)Permalink : https://pmb.ensp-arles.fr/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=8183 Exemplaires (1)
Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 9631 EXPF.VALE.MUSE.98 Livre Bibliothèque Biblio Exclu du prêt