Résumé : |
Le premier monologue photographique de Scott Caruth, «Molatham», est un verbe arabe qui se traduit littéralement par «se couvrir le visage», mais est utilisé en langue vernaculaire en Palestine pour décrire quiconque résiste à l’occupation israélienne. Dans ce contexte, le verbe situe le rôle central joué par le médium photographique dans l'occupation israélienne de la Cisjordanie, où pour y résister, les Palestiniens doivent rester anonymes.
Prenant cela comme point de départ, «Molatham» de Scott Caruth est l’aboutissement d’un effort de six ans visant à archiver la pratique sociale de la photographie de portrait en studio en Cisjordanie. En tant qu'exemples où les Palestiniens ont choisi de se représenter eux-mêmes par le biais de la photographie, le processus collaboratif du portrait en studio rétablit cette agence politique qui est refusée par l'utilisation de la surveillance par les occupants ou par le «cadre fétichisé de destruction, de violence ou de perte» des photojournalistes.
Lancé en 2013, «Molatham» explore les archives de deux grands studios de photographie en Cisjordanie - Studio Havana et Studio Chaplin à Ramallah. Les évolutions au sein du support photographique lui-même, des photographies en noir et blanc teintées à la main à celles utilisant Photoshop de nos jours, peuvent être tracées chronologiquement. Le livre explore comment les structures physiques des studios eux-mêmes ont été soumises à la fois à un accès restreint et à la destruction. Le livre explore ensuite les façons dont ces objets photographiques personnels, relativement privés, deviennent les pièces maîtresses du regard public, des images largement diffusées qui forment un lien central de la résistance palestinienne; dans l'iconographie politique et la propagande, avant de retracer leur affichage et leur désintégration dans le paysage urbain de Cisjordanie |